Mon appel à témoignages pour nos camarades disparus m’a valu ce courrier de Jean-Claude HORIN que je n’hésite pas un instant à publier :
Me voici tout chose devant ma page blanche car je voudrais te parler de J.P.SENARD et , même 48 ans après , j'en suis tout retourné . Il se trouve que , au piège , JP c'était mon "pote" et , à ce titre , il a bien sûr , toutes les qualités . Pourtant , les choses avaient plutôt mal commencé entre nous . En début d'année , en prépa , à la Flèche , on n'arrêtait pas de se chamailler , voire de s'engueuler , jusqu'à même en venir aux mains en quelques occasions . Il était plutôt du genre “soupe au lait” et moi du genre “agacette” . Et puis , peu à peu , nous avons appris à nous apprécier mutuellement et nous avons terminé l'année copains comme cochons . Et nous retrouvant 3 mois après au piège, pendant un an un quart , nous avons été inséparables . Je ne me souviens pas d'anecdotes grandioses mais plutôt d'une période d'amitié profonde et continue : - nos WE à Marseille , où nous entreposions nos "fringues" civiles dans un hôtel "pas louche mais presque" , jusqu'au jour où , suite à une descente de police , nous n'avons pu récupérer nos tenues à temps et sommes rentrés à Salon pour nous faire "cranter" . - nos "récrés " au bar de Môssieur JOUVE ( car , n'étant pas dans la même brigade , il n'y avait que là que nous pouvions nous rencontrer ) : nous étions des assidus du jus de tomate aromatisé au cèleri , dont Môssieur JOUVE nous vantait toutes les qualités parce qu'il en assurait lui-même la préparation selon une recette qui lui venait de sa Grand-Mère . Jusqu'au jour où nous l'avons surpris en train d'ouvrir une boite de cinq kilos de ce breuvage tout prêt ... - toujours au bar , où les jours où nous étions encore plus fauchés que d'habitude nous faisions , le calot retourné à la main , une quête pour les poussins nécessiteux ... - ses démêlés avec la strass et son nombre de TC : au début il a été pris en grippe par le Cdt GODDE car il ne pouvait pas s'empêcher de dire ce qu'il pensait à très haute voix et en toute circonstance . Mais , notre chef ayant découvert la vraie nature généreuse de JP , ils ont par la suite entretenu de très chaleureuses relations . - etc... Et puis , pour Noël 57 , nous sommes partis tous les deux en vacances à St-Gervais , station à la mode à l'époque , et nous avons eu notre accident à Sisteron ( Anne-Marie devait être du voyage , mais , au dernier moment , sa mère l'a , peut-être heureusement , retenue ) . JP a eu quelques égratignures et moi j'ai signé un bail de 6 mois d'hosto à Michel LEVY à MARSEILLE , ce qui explique ma photo platrée dans l'album de promo . A partir de ce moment , bien que nous ayons continué à correspondre par lettres ou téléphone , la vie nous a séparés : pour lui MEKNES , ensuite LAHR à la 33e ER , puis l'ALGERIE , pour moi , une année de plus à SALON ( plus de trois mois d'absence à l'Ecole , c'est le règlement ) , puis MEKNES , REIMS à la 3e EC et enfin LAHR . Le soir où j'ai appris sa mort , j'étais de vol de nuit et j'ai eu un malaise , mais je n'en ai jamais rien dit et ai eu toutes les peines du monde à expliquer au Cdt ARCHAMBAUD ( Cdt d'Escadre ) pourquoi j'avais écourté ma mission . Lors de son décès , la 3 venait de s'installer à LAHR en remplacement de la 33 envoyée à STRASBOUG . Mais ANNE-MARIE n'avait pas encore fait le transfert et je l'ai rencontrée en ville : et là , j'ai été minable ... car je n'ai pas su exprimer ce que je ressentais . Je m'en veux encore aujourd'hui . JC HORIN
"...navrée mais je ne sais pas remplir ce questionnaire. Notre mariage fut tellement bref ..." nous écrit Anne-Marie.
SENARD Jean-Pierre Né le 27 mars 1936 Marié avec Anne-Marie 2 Enfants 1 Petit Enfant Mort en service aérien commandé le 27 juillet 1961
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Le célèbre M. JOUVE Son percolateur, son jus de tomates (recette”grand-mère”), ses madeleines au chocolat
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