Dialogues ou monologues entendus en vol : 1961 en Algérie : Ton plaintif avec l'accent de R. (51) " leader de deux vous manoeuvrez comme si vous vouliez me semer " 1966 : une patrouille à 40.000 pieds. Ton laconique : " leader de deux une bouteille de coca-cola à deux heures haut " Deux secondes de silence. " Leader vu ". En effet, une publicité a rompu ses amarres et navigue vers 45.000 pieds. 1965 : Un chasseur de la 13, seul en vol en sweep Nord/Est. Heureux ! Alternat bloqué sur émission à son insu et chantonnant " Je suis le requin des Vosges " 1965 : Je suis d'alerte à Colmar, étant Cdt d'escadrille au 3/2 Alsace sur MIII C. La 13 est en transformation sur MIII E. Un matin à 8h, étant en 3O', je me rase tranquillement en pyjama et pantoufles. Le klaxon d'alerte retentit : décollage immédiat. Tout en continuant à me raser, j'ouvre la porte des toilettes pour voir le troupeau de sangliers se ruer vers le hangar d'alerte. Rien !! Silence total. J'ouvre la porte du hangar… les mécanos attendent. Pas de pilote. Je pousse un hurlement dans les locaux en appelant le pilote en 5'. Aucune réponse. Je lâche le rasoir et fonce dans le hangar en raflant mon casque au passage. Echelle, installation, brélage, démarrage en trombe sous le regard stupéfait des mécanos. Point de manœuvre. " Clair pour alignement ". Aligné, pleins gaz. " Contrôle, autorisation de décollage ? ". " Exercice de réaction, retour au parking " Le temps de réaction est bon… dommage !! Je rêve !! En plein ciel de gloire en pyjama et pantoufles… à 4O.OOO pieds… en supersonique… j'élucubre : problèmes techniques. Ejection. Atterrissage dans un pré. Pieds nus. Les pantoufles n'ont pas résisté à l'exercice. Un journaliste en vadrouille trouve moyen d'être sur les lieux de récupération. Photos, article : A l'académie de la Chasse on vole en pyjama !! P.S. J'offre 4 perles au pilote en 5'. Avec mes remerciements pour les sensations et les rêves qu'il m'a offert. Hiver 1962-1963. Dijon : Evaluation tactique à la Deux équipé de MIII C. Observateurs américains et autres. Il fait un temps de brèle. Qu'à cela ne tienne, les alertes et les décollages se succèdent à une cadence effrénée. Les mécanos en ch…, les pilotes mordent le coussin. Il faut dire que F. est chef ops à la Deux. Il ferait beau voir que la météo, comme le reste, ne se plie pas à la volonté du chef ops. Deuxième soir. Nuit noire. Tous les terrains du Nord- Est, y compris Dijon, oscillent entre le jaune et le rouge. Qu'à cela ne tienne : encore une fournée au décollage ! Les observateurs américains et autres, écoeurés, sont partis se coucher. Vers 23h cela se gâte encore (si c'est possible !) Deux pilotes sont encore en vol : Mouziman(55) et moi. Scandale ! La météo a refusé d'obéir au chef ops. Avec un bruit mat, tous les terrains y compris Dijon passent au rouge. Nuages bas, pluie, brouillard. Il faut quand même se poser. A Dijon, terrain que les deux pigeons connaissent le mieux, Mouziman perce en premier et moi à 3' derrière. Il va falloir affûter les éléments. A la radio le contrôleur a la voix très douce. Le guidage GCA est très précis. On sent la concentration. Moi aussi, je suis tendu et très attentif. C'est certainement un cador qui est au guidage. A 200 pieds, sortie de couche. Dessous c'est la purée. Je réclame " rampe d'approche, pleins feux, diminution sur ma demande " Mouziman vient de se poser. J'aperçois la rampe, tout au moins je le pense. Oui, c'est elle ! Arrivée sur la rampe : trois ou quatre balises de la piste seulement sont visibles. A l'entrée de piste pas question de remettre les gaz. Arrondi un peu nerveux. Ne pas perdre l'axe de piste. Aie !! Contact un peu dur avec la piste ! Je m'engueule tout seul. " Contrôleur ? " " Oui " " beau travail, merci " Retour au parking. Je descends et passe sous l'avion avec ma lampe de poche pour vérifier les plombs du train d'atterrissage " M… ! Un plomb marqué ! " (Pas trop). A ce moment, sous le mirage voisin, énorme éclat de rire. C'est "Mouz " qui vient de constater qu'il a marqué aussi un plomb. Nous rentrons à l'escadron en riant. Il y a des moments où on est pas mal sur la planète….
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